you such a pain in my ass

avec @andrew carter


Il était rare qu’elle puisse s’accorder du temps pour Elle. Rare qu’elle fasse un effort sur le plan vestimentaire et qu’elle se montre «féminine». Rare qu’elle apporte une touche de maquillage. Rare qu’elle se parfume. Rare qu’elle profite d’une soirée avec un prétendant «digne de ce nom». Oh, bien sûr, elle ne s’attendait pas à rencontrer le prince charmant, à tomber amoureuse et finir le reste de ses jours avec lui, mais elle avait oublié à quel point cela pouvait être agréable. Les premiers rendez-vous. Plaire. Être courtisée. Qu’on la regarde comme si elle était la chose la plus sublime au monde. Avec envie. Avec désir. Avec possessivité. Elle n’appartiendrait jamais à personne, mais elle devait bien reconnaître qu’il était flatteur et plaisant de susciter pareilles émotions. Pareils extrêmes. Aussi n’avait-elle pas refusé lorsque Greg’ l’avait invitée à partager un verre avec lui quelques heures plus tôt. Greg’ était un mécanicien avec lequel elle partageait parfois quelques sourires, quelques mots, quelques flirts, sans qu’il ne se soit jamais rien concrétiser. Jusque-là, cela avait été un agréable jeu, rien de plus. Mais pourquoi ne pas voir plus loin, après tout ? Il était agréable à regarder. Bien bâti. Il paraissait fort, bien qu’elle serait toujours plus imposante et plus forte que lui de par sa nature de métamorphe, alors que lui n’était qu’un homme, mais elle ne sous-estimait jamais la carrure d’un homme quel qu’il soit. Il avait un sourire charmeur et chaleureux. Il respirait la gentillesse, mais également une masculinité que beaucoup avaient perdu de nos jours. Non, définitivement elle ne voyait absolument rien - ABSOLUMENT RIEN - qui puisse la convaincre de refuser sa proposition, et encore moins qui puisse lui faire penser qu’elle commettait une erreur monumentale. Elle opta donc pour tenue aussi simple qu’agréable, choisissant de laisser ses cheveux à l’air libre. Faut dire qu’à Fairbanks, à cette période de l’année, il était osé et complètement de fou de ne pas se couvrir intégralement. Heureusement, les collants pouvaient permettre aux femmes de porter des jupes et des robes comme elles le voulaient - sans quoi se sentir sexy serait mission impossible pour elles. Habituellement, elle s’en moquait bien d’ailleurs. Mais pas ce soir. Non, ce soir elle allait s’amuser. Ce soir, elle allait profiter. Ce soir, elle allait écouter Annushka. Depuis leur soirée entre filles quelques jours plus tôt, Melina avait suivi les conseils de la renarde, profitant des occasions qui se présentaient sans se poser de questions. Quel mal y avait-il à cela ?

Absolument rien, qu’elle pensait encore lorsque son regard se posa sur Greg, installé au bar du Pub. Un sourire ravi et un regard rempli de malice, elle le rejoignit en traversant une petite foule dansante et joyeuse. « Bonsoir, » qu’elle le salue d’une voix légèrement rauque. Oh que oui, c’était stimulant et rafraîchissant ce regard-là. Celui qui vous fait vous sentir belle. Celui qui vous donne confiance en vous. Celui qui vous donne ce pouvoir enivrant. « J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre, » qu’elle enchaîne en s’asseyant sur le haut tabouret en bois. « Au risque de paraître idiot et de sortir un cliché, j’ai envie de te dire que l’attente en valait la peine, » qu’il la charme gentiment et qu’elle accepte le cliché avec joie. « Cliché ou pas, tu sais comment parler aux femmes, Mr Mills, » qu’elle rétorque amusée. La soirée était prometteuse et elle avait hâte de passer aux choses sérieuses. Elle ignorait s’il avait connaissance des appétits sexuels des shifters, mais elle espérait bien les lui apprendre plus tard dans la soirée.

Du moins, n’imaginait-elle pas une seconde que les choses puissent se passer différemment.

avec @andrew carter


Oui, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de rendez-vous galant. Bien longtemps qu’elle n’avait pas partager un verre avec un homme. Bien longtemps qu’elle n’avait pas apprécié la compagnie d’un homme. Bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de conversation intéressante avec un homme. Et si c’était en partie sa faute, elle devait reconnaître qu’elle n’y mettait pas toujours du sien, elle estimait avec un peu de mauvaise foi peut-être que c’était la faute à pas de chance. Les hommes bien ne couraient pas les rues non plus. Et les tensions entre les hommes et les shifters ne semblaient pas s’apaiser sur le long terme. Ainsi, tout le monde était sur le qui-vive, à cran et prêt à exploser à tout moment. C’était triste et terrible, mais c’était une réalité. Une réalité qu’elle espérait, pour l’heure et pour la nuit, oublier. « Tu es sublime, Melina, » que lui susurre la voix douce de Gregory. « Merci beaucoup, » qu’elle lui rend son sourire charmeur, amusée et grisée à la fois par son regard et son intérêt pour elle. Quelle femme n’appréciait pas d’être ainsi couvée du regard ? Non, vraiment, elle n’en connaissait aucune. « Tu veux boire quelque chose de particulier ? Laisse-moi deviner... hum... une vodka framboise ? » qu’il tente le coup et qu’il marque un but. Bien que cela ne soit pas extraordinaire - beaucoup la connaissaient dans le coin et il aurait suffit au jeune homme de se renseigner juste avant son arrivée pour obtenir une réponse, elle s’amuse et prétend être incroyablement surprise. « Bingo, c’est ma boisson préférée, » qu’elle lui fait savoir et qu’il acquiesce en commandant pour elle. « Je m’en doutais presque. J’ai entendu dire que les corbeaux étaient de fervents amoureux de la vodka, et comme je t’ai déjà surprise à grignoter des framboises à tout va... le mélange me semblait évident, » qu’il rit légèrement et qu’il gagne encore plus de points auprès de la jeune femme. Il n’avait pas deviné parce qu’il s’était renseigné, mais bien parce qu’il s’était suffisamment intéressé à elle. Une fois son verre en mains, la voilà qui le lève à la soirée prometteuse qui s’annonçait, regard planté dans celui de son partenaire de la nuit, et sourire rempli de promesses tues.

Puis, ce regard. Aussitôt, son corps se crispe, tendu. Aussitôt sa bonne humeur s’envole. Aussitôt son sourire s’efface. Aussitôt la chaleur de son regard se transforme. Aussitôt, la tension est palpable. Non, elle ne pouvait pas avoir une poisse aussi monumentale. Non, elle ne pouvait pas tomber sur Lui, pas ce soir. Que diable foutait-il ici ? Et le fait qu’elle soit sur SON territoire ne pouvait pas suffire à la femme qu’elle était pour justifier sa présence. Il n’y avait rien à faire, Melina Clarke ne pouvait pas accepter la présence d’Andrew Carter - jamais, et nulle-part. Chaque fois qu’il lui apparaissait, elle se fermait comme une huître. Chaque fois qu’il apparaissait, son instinct de survie se réveillait. Chaque fois qu’il apparaissait, son corps se tendait comme un arc prêt à décocher une flèche. De préférence entre les deux yeux. Gregory perçu son malaise, mais avant qu’il n’ait pu lui demander ce qui la tracassait tout à coup, Andrew pénétrait son espace personnel. Et l’embrasse sur les deux joues, comme si cela était habituel. Normal. Quelques jours plus tôt, au centre commercial lors de l’émeute, il avait déjà fait preuve d’un drôle de comportement, protégeant coûte que coûte la jeune femme. N’était-elle pourtant pas une solitaire comme une autre ? N’était-elle pourtant pas la sorcière qui lui menait la vie dure chaque fois qu’ils se croisaient ? N’était-elle pas exécrable au possible avec lui ? Pourtant, il ne semblait pas lui en tenir rigueur, encore moins lui en vouloir. Non, Andrew devait être masochiste à un certain niveau, sans cela il éviterait tout contact avec elle. « Melina, ma douce... » qu’il la salue tout sourire. Mais elle perçut fort bien la tension qui émanait du loup. Pourquoi, comment, elle l’ignorait. Il n’avait rien à faire ici, il n’avait pas à s’imposer comme il savait si bien le faire. Il n’avait pas à interagir dans sa vie. Merde, il n’avait pas à venir pour tout gâcher ! Choquée, les mots restèrent bloqués dans sa gorge. « Peux-tu m’expliquer qui est l’homme qui ose poser le regard sur toi ? » Elle faillit s’étrangler d’indignation. Non, mais elle rêvait ! Elle hallucinait. Elle ne pouvait qu’halluciner, car jamais, JAMAIS, il n’aurait pu sortir une connerie pareille. Elle n’avait pas perçu ce sentiment de possessivité émané du loup. Non. Elle n’avait pas senti la colère et la rage du loup. Non. Impossible. « Euh... salut, » que finit par répondre Greg’, mal à l’aise tout à coup, ne sachant quoi répondre face à la possessivité du brun ténébreux. « Je suis Gregory, son mécanicien, » qu’il se présente tout de même. « Est-ce que j’ai loupé un épisode ? » qu’il demande alors en regardant tour à tour Melina et Andrew. « Non, mais... » qu’elle finit enfin par réagir. Elle était passée par toutes les émotions en une énième de secondes. Le choc l’avait cloué sur place, lui coupant le souffle un instant. Laissant place à une colère sourde. Une colère qui valait mieux éviter, car lorsque le corbeau était en colère, elle pouvait facilement devenir une vraie furie. « Dis-moi que je rêve, » qu’elle enchaîne en plantant son regard dur dans celui de son pire cauchemar. Oui, son pire cauchemar. Et non, son corbeau n’était pas d’accord. Ce qui ne faisait qu’envenimer la colère de Melina, car sur ce point son animal et elle n’étaient absolument pas en parfaite osmose. Le corbeau voulait le loup à ses côtés. Le corbeau voulait jouer avec le loup. Le corbeau voulait toucher le loup. Le corbeau voulait se trémousser contre le loup. Le corbeau voulait... Non, dit-elle plus fortement en son for intérieur. Elle ne désirait pas Andrew. « Cet homme, comme tu dis si bien, est mon rendez-vous galant. Je sais que l’idée t’est un peu incongrue et inhabituelle, puisque tu sautes souvent cette étape, mais en règle générale c’est ce qui arrive entre un homme et une femme qui veulent apprendre à se connaître, » qu’elle reprend du poil de la bête et pique de son sarcasme légendaire. « Et... » qu’elle ajoute en souriant à Greg’ pour le rassurer, avant de regarder sévèrement l’intrus de la soirée, « tu n’es donc pas le bienvenu, Carter, » qu’elle lui fait savoir, au cas où il n’aurait pas compris. Il ne lui gâcherait pas sa soirée. Non. Il ne lui gâcherait pas la soirée. Pourtant, en son for intérieur elle le sait, il l’a déjà gâchée. Gregory ne semble plus aussi à l’aise qu’avant, et semble hésiter entre prendre les jambes à son cou et déguerpir au plus vite ou prétendre qu’il ignorait qu’elle était déjà prise. Prise ?

NO WAY !

« Tu nous excuses une minute ? » qu’elle demande à Gregory avant d’attraper le bras de Carter et de l’éloigner de l’humain. « Je peux savoir ce qui te prend au juste ? Qui te donne le droit de venir immiscer dans ma vie privée comme ça ? Une seconde de plus et tu étais prêt à lui sauter à la gorge, ne va pas croire que je ne l’ai pas remarqué », oh non elle n’avait pas manqué la lueur prédatrice dans son regard. Et c’en était d’autant plus perturbant qu’elle en avait été... chamboulée. Trop à son goût.