Panique au centre commercial

avec @"Les A"

Les balles fusaient de manière unilatérale puisque aucun Shifter ne semblait muni d'armes à feu (en même temps, dans un centre commercial, à moins d'avoir prémédité une attaque, les porteurs d'arme devaient se compter sur les doigts de la main).  Mais il fallait bien s'adapter à la situation, à la guerre comme à la guerre. Au moins, j'étais rassuré par une chose, je ne sentais pas la présence d'un d'Oregon dans les parages, ils devaient donc être en train de s'houspiller comme à leur habitude dans la forêt, loin de l'agitation. Cela me ferait un paramètre de moins à prendre en compte. Le plus affligeant dans cette situation était que les agresseurs ne cherchaient même pas à éviter de tirer sur les humains, cela montrait à quelle hauteur se situait leur quotient intellectuel et prouvait leur amateurisme. Puis comme il ne fallait pas non plus compter sur les solitaires, vu que leur premier réflexe avait été la fuite, en même temps, ce n'était pas pour rien qu'ils étaient considérés comme des raretés dans la nature. Au moins, ils ne se trouveraient pas dans nos pattes.

Attendant toujours des nouvelles de la renarde, nous progressons à couvert derrière les étagères d'un magasin dont les vitrines avaient été explosées par les tirs. À se demander s'ils savaient vraiment viser ces crétins… Une patte. Puis l'autre. Et une autre. Et une autre. Il valait mieux éviter autant que possible de s'entailler les coussinets, blessure assez contraignante, bien que bénigne. Notre cible qui était éloignée du troupeau ne sortait plus de notre viseur, nous devions frapper. Fort. Dans son dos. L'extrémiste tomba à plat ventre à cause de notre différence de poids. Pourtant nous n'avions pas de temps à perdre, il nous fallait l'éliminer, nos mâchoires s'en chargèrent en brisant sa nuque. M'écartant de cette erreur de la nature, je continuais ensuite mon trajet après avoir dissimulé son arme, au cas où. Une silhouette reconnaissable se dessina dans la boutique de l'autre côté de l'allée, Adiel. Cela n'allait pas arranger nos affaires mais soit, il nous fallait traverser.

Un attroupement et de nouveaux cris dans le hall nous permit de débouler juste devant les jambes qui cherchaient  désespérément la fuite vers une sortie de secours. Une balle avait fusé non loin de  notre tête, mais qu'importe, il fallait viser mieux que cela pour nous arrêter avec un tel bouclier. De l'autre côté, nous remarquons la présence d'un autre extrémiste et son comportement est évident qu'il a quelqu'un en ligne de mire. Il nous faut donc un certain temps pour avancer d'avantage, sans qu'il ne s'aperçoive de notre présence. Le coup part bien avant que l'on puisse l'atteindre, blessant Adiel au biceps. C'est là que nous décidons de bondir pour arracher l'arme de l'autre, qui va percuter un meuble plus loin. Reprenant forme humanoïde, j'empêche la raclure d'aller la récupérer en le ceinturant. « Adiel qu'est-ce que tu fabriques à découvert comme ça ?? La statue de la liberté c'est à New-York mon vieux... » Je n'ai pas le temps d'en dire davantage, que je reçois un uppercut, qui m'oblige à lâcher l'autre, mais je retourne au corps à corps, ne voulant pas qu'il aie le temps de prévenir ses potes.

avec @"Les A"

C'était sûr que l'ambiance allait changer grandement à présent que nous avions retrouvé Adiel, même si la dangerosité du lieu n'était pas pour autant diminuée, mais tout semblait plus léger. Sûrement à cause du côté jeune fou du vil coyote que nous avions tellement l'habitude de côtoyer. Il n'avait pas besoin de s'exprimer, le langage de son corps parlait très bien pour lui, de très subtiles signaux qu'il m'était devenu facile de décrypter à la longue. Là, c'était évident, il bouillonnait de se retrouver dans le cœur de l'action, arracher des têtes, déchiqueter de ses crocs, et remettre à leur place ces bâtards d'extrémistes.  Ce que je pouvais totalement comprendre. Durant mon combat, je n'avais pas eu besoin de voir la renarde grise, son odeur m'était parvenue aux narines. Celle du sang aussi.

Enfin délesté d'un adversaire, je pouvais plus tranquillement me concentrer sur le second puisqu'il n'était pas question de m'être fait éclater la lèvre à l'intérieur sans lui rendre au centuple. Œil pour œil, dent pour dent, telle était l'unique loi du Mouvement et celle parmi d'autres de D'Oregon. Tout en continuant à surveiller autour au cas où de temps à autre, ma tactique de combat ne consistait pas du tout à attendre et répliquer, mais bien harasser mon ennemi pour faire vite et bien, ne lui laissant que peu d'espace ou d'occasion de répliquer. Quand l'extrémiste se décida à sortir un couteau de chasseur, ce fut du pain béni pour moi. Je n'eus qu'à l'amener dans l'endroit que je souhaitais, lui faire perdre l'équilibre grâce à un mouvement de jambe, attraper sa main armée et le planter avec. Ensuite je le finissais en brisant sa nuque. M'approchant ensuite d'Adiel, j'attrapais un t-shirt de la boutique que je déchirais afin de pouvoir panser la plaie de mon comparse sous sa veste. « Maintenant nous devons attendre de ses nouvelles. » Commençais-je, en chuchotant. « Dès qu'elle sera dans la salle de contrôle, elle appellera. »

Concentré sur le bandage rapide, rassuré que ce ne fut que superficiel, je savais qu'il n'était pas nécessaire d'en dire davantage du plan, Adiel avait l'habitude depuis le temps de ce genre de manœuvre. Une fois terminé, je retirais mes mains de son manteau afin de les essuyer sur un mouchoir, histoire d'éviter d'attirer l'attention plus tard, bout de tissu que je glissais dans ma poche. Désormais, il nous fallait progresser sans se faire voir, repérer un premier groupe d'extrémistes qui pourrait être isolé. Ce fut seulement à cet instant que je me rendis compte du message de la renarde grise, mais j'attendis que nous soyons placés avant de la rappeler. « Je suis en position, Adiel est avec moi. Quelle est la situation en haut ? » Demandais-je. Bien entendu, je n'avais pas mis le haut-parleur, notre ouïe était assez fine pour que Adiel puisse entendre ce qu'elle disait. Mes sens continuaient d'être vigilants.  

avec @"Les A"

Les soins prodigués, il nous fallut ensuite nous déplacer. Il n'était jamais bien judicieux de s'attarder  trop longtemps dans un endroit dans ce genre de situation, pour la simple et bonne raison que l'on pouvait vite se retrouver dans des voies sans issue et acculé par ses adversaires en trop grand nombre. Mais il ne fallait pas non plus se précipiter et traverser comme si nous étions à l'épreuve des balles. Dans le cas d'Adiel et de moi, les gabarits n'étaient pas d'une grande aide lorsque l'on souhaite passer inaperçu, même s'il restait tout de même moins carré que je ne l'étais. Enfin, c'était une bonne chose d'avoir subi le dur entraînement des recrues du Mouvement, il m'avait permis d'acquérir des tactiques de combats, d'apprendre à me battre en deux pattes, car je ne m'étais jamais reposé que sur mon puma lorsque je me chargeais de mon travail de premier lieutenant. De plus, les pattes n'étaient pas toujours d'une grande utilité face aux armes à feu.

Je vérifiais durant notre progression que l'état de l'épaule de mon cadet n'empirait pas. Son impatience habituelle était palpable et il me fallut calmer ses ardeurs durant le trajet sinon il se serait jeté sur tout ce qui passait d'extrémistes. Ah la fougue de la jeunesse… Cette période que je n'avais pas connu, bien trop préoccupé par mes études et mes patients à l'époque. Enfin nous trouvâmes ce que nous cherchions. Tapis dans un coin afin d'éviter de nous faire repérer, je m'emparais de mon téléphone afin d'appeler la renarde grise, l'informant au passage que j'étais accompagné, ce qu'elle sembla trouver judicieux également. « C'est exact. La blessure est plus superficielle que grave. » Confirmais-je sur l'état de santé du coyote.  « Essaie de repérer les endroits où les étiquettes sont le plus usées. » Il était évident qu'il allait falloir pas mal de chance afin de ne pas être obligé de tous les  faire, auquel cas la sécurité se ferait une joie de monter la déloger, ce qui compromettrait le déroulement du plan.

Le bruit de la sirène d'alarme me fit grimacer légèrement, surtout que mes sens étaient très attentifs au cas où… Mais le bruit assourdissant fut vite couper, bien que la panique s'empara encore plus des personnes qui étaient encore coincées dans le centre commercial. Cela risquait aussi de mettre les extrémistes sur la défensive, alors qu'ils se croyaient intouchables. Il allait vraiment devoir faire vite. Mes prunelles reportèrent mon attention jusqu'à ce que la pluie nous tombe dessus. Le système incendie fit pleuvoir quelques secondes sur nos têtes, rendant ainsi le sol humide. De nouveaux coups de feu fendirent les airs, nous faisant nous baisser. « C'est pas trop tôt ».  Un regard entendu à Adiel et nous nous mimes en action, mon téléphone accroché autour de mon cou puisque je me changeais en puma à nouveau. C'était le meilleur moyen de pouvoir parcourir des distances plus rapidement, de faire des changements de directions. À deux nous étions plus efficaces, l'un d'un côté, l'autre de l'autre, nous les faisions reculer lentement mais sûrement tout en restant au maximum derrière des boucliers de fortune créés par la décoration du centre commercial.

avec @"Les A"

La partie de chasse pouvait enfin commencer. Les coups des extrémistes passaient parfois tout proches de notre tête ou bien nos flancs, mais nous parvenions tout de même à les éviter. Seulement, un drôle de bruit se fit entendre alors que nous forcions lentement les autres à reculer. « Tu es là ? » demandais-je très bas et rapidement, le son étant étouffé par les grognements mécontents d'Adiel et nos  feulements. Pas de réponse… Les minutes s'égrainaient, c'était suspect. Elle devait sûrement avoir un contre-temps et donc des ennuis. Cela n'arrangeait pas nos affaires, au bout d'un moment, notre fraîcheur allait diminuer et si ça continuait, le combat promettait d'être très laborieux et potentiellement plus en notre défaveur. La colère commençait à monter en nous et ce n'était pas forcément bon signe, surtout dans le cas du coyote….

Les extrémistes n'avaient pas vu venir l'embuscade, c'était parfait. Échangeant un regard complice avec le plus jeune, nous nous lancions dans le combat à proprement parlé, bien décidés à faire payer le prix fort à cet acte ignoble envers notre peuple. Les coups pleuvaient sur nous, le plus pressant était de les débarrasser des armes à feu et de les rendre incapables de nuire le plus rapidement. Heureusement qu'avec Adiel nous avions déjà opéré à deux plusieurs fois par le passé, nous savions où nous tenir et à quel moment, profiter des atouts de l'autre Dans ce combat cela nous sauva d'avoir des blessures plus graves, mais pas des hématomes. Les coups de griffes répliquèrent, les crocs entaillèrent des chairs. La rage nous rendait transis. Les uns après les autres. Le dernier donna du fil à retordre au coyote qui se vit asséner un coup dans le dos à trop vouloir aller trop vite. Pff irrécupérable celui-ci…

Enfin le bruit du rideau se fit entendre, mais ce n'était pas le moment d'examiner son dos, la voix de la renarde nous interpella dans le téléphone. « On avait deviné... » L'annonce de renfort me signifiaient totalement que c'était le bon moment pour quitter les yeux, comme la jeune femme l'avait aussi suggéré. « Quel est ton état de santé avec précision. » Lorsque je l'écoutais me décrire son état, le plan germa rapidement dans ma tête. « On arrive. Transforme-toi en renarde pour faciliter ton transport. » Malgré le corps qui se faisait douloureux, ce n'était pas du tout le moment de traîner dans cet endroit. À toute allure, je rejoignais l'étage en utilisant l'escalier par lequel j'avais observé la situation au début de l'attaque. J'avais en effet remarqué que là-bas se situait les locaux du personnel et tout le reste. Il nous fallut encore éviter les balles, les humains étaient déjà bien moins présents vu le temps qui s'était écoulé. Après un petit détour, mauvaise rencontre à éviter à une intersection, on déboulait dans la salle de contrôle. Sans prendre le temps de causer vu que l'ennemi était à nos trousses, j'attrape la renarde grise par le peau du cou et nous nous précipitons à l'extérieur du centre de contrôle. La sortie, vite, vite.

Nos regards se croisèrent à nouveau avec Adiel dans notre course effrénée. Les renforts arrivaient droit sur nous… « Je vais faire diversion. » Rajouta mon comparse, bien que je n'étais pas du tout dupe de la manœuvre, il voulait surtout retourner en découdre. Mais bon, c'était une grande personne capable de prendre ses décisions, mon rôle n'était que de croire en sa réussite, pas de le retenir. Chacun choisissait sa manière de vivre et parfois celle de mourir. Il fallait que je me dépêche, les blessures de la renarde ne permettaient pas que je puisse continuer à tergiverser durant des heures. Soudain, nous vîmes enfin la porte de sortie, ou plutôt la fenêtre à l'opposée dont les carreaux avaient été à moitié cassé. « Si tu es croyante, c'est le moment de prier pour nous. » chuchotais-je. Les balles des autres commençaient à nous acculer, si bien que nous fîmes quelque chose auquel nous espérions qu'ils ne s'attendraient pas, nous sautâmes sur l'immense sapin accroché par de gros câbles dans le milieu du hall, ce qui le fait basculer et nous créa un pont improvisé. Arrivés au bout, la fenêtre était moins dégagée que prévu… Tant pis. Nous nous élançâmes au travers tout en protégeant notre invité, ce qui nous valu de nombreuses entailles sur le corps. Une fois sur le sol à l’extérieur nous nous précipitons dans le bout de forêt le plus proche et déposons Annushka sur le sol en grimaçant légèrement.